Cela peut paraître antinomique, voire contradictoire, et pourtant, les pays, les régions, les métropoles, les entreprises, les cantons et les communes sont confrontés à cette équation complexe.

La tentation de perpétuer des activités lucratives et des modèles économiques connus est forte.

Imposer une industrie à marche forcée (comme dans les années 60), cela ne "passera" probablement plus auprès de la population qui veille.

Seule certitude donc, le status quo n'est pas une solution.

- Réindustrialiser est un enjeu stratégique, notamment en terme d'emplois et de souveraineté

- Décarboner est un engagement prioritaire et urgent, et avoir un roadmap de 25 ans pour réduire ses émissions CO2 à l'horizon 2050, est un impératif.

Comment parvenir à atteindre ce double objectif ambitieux ?

Pour réindustrialiser tout en décarbonant, plusieurs stratégies et politiques peuvent être mises en place, basées sur des approches combinées de technologie, de réglementation, et d'investissement.

Investissement dans les technologies vertes :

• Encourager l'adoption de technologies de rupture comme l'hydrogène bas carbone ou vert, les énergies renouvelables, et les solutions de capture, stockage et utilisation du carbone (CCUS). Les technologies de production d'hydrogène décarboné sont particulièrement mises en avant pour décarboner des secteurs industriels lourds.

• Développer des usines "by design" décarbonées dès la conception, en utilisant des énergies renouvelables et en optimisant l'efficacité énergétique des processus industriels.

• Mettre en œuvre des plans de relance et d'investissement qui prévoient des fonds spécifiques pour la décarbonation industrielle, avec des appels à projets pour subventionner la transition écologique des industries.

• Promouvoir des lois comme la "loi industrie verte" en facilitant les financements pour des projets à bas carbone et en réhabilitant des friches industrielles.

• Investir dans la formation pour répondre aux besoins de compétences liées à l'industrie verte, garantissant ainsi une main-d'œuvre qualifiée pour les nouvelles technologies et processus décarbonés.

• Développer des infrastructures énergétiques, notamment en augmentant la capacité de production d'électricité décarbonée (nucléaire, éolien, solaire) pour répondre à une demande industrielle croissante sans augmenter les émissions de CO2.

• Créer des zones industrielles bas carbone qui concentrent les efforts de décarbonation dans des territoires spécifiques, favorisant ainsi une réindustrialisation verte.

• S'appuyer sur l'innovation pour réduire l'empreinte carbone des produits manufacturés, ce qui pourrait non seulement réduire les émissions nationales mais aussi mondialement grâce à l'exportation de produits décarbonés.

• Offrir des incitations fiscales, des subventions, et des crédits d'impôt pour encourager les entreprises à investir dans des pratiques écologiques et dans des projets de réindustrialisation décarbonés.

La réindustrialisation décarbonée passe donc par une coordination entre l'innovation technologique, le soutien politique, et l'engagement des acteurs industriels dans des pratiques durables.

Cela implique également une réflexion sur l'équilibre entre compétitivité industrielle et respect de l'environnement, avec une vision à long terme de la transition écologique et énergétique.